Quoi de moins inspirant que la vie sous coronavirus ?
Pas grand-chose. La Marée monte.
Je suis séchée. Écrire sur la vie, la ville, est pour le moins périlleux.
2020 année du moins, du rien, du moins que rien, du Malin
Que dire ?
Que c’est Pénible, Inquiétant, Déprimant, totalement Flippant, Déroutant ?
-Pénible de s’auto-autoriser à aller acheter du PQ ou à faire la queue à la poste. Et pas trop longue la queue si je puis dire, sinon gare au dépassement du temps dérogatoire !
-Déprimant de n’avoir que le droit d’aller travailler OU consommer OU marcher au pas de course pour se défouler. Les trois en même temps n’entrant pas dans le temps dévolu.
-Inquiétant de se dire que ça va durer puisque c’est géré au jour le jour avec ajustement et réajustement en fonction de :
L’opinion ? L’ARS ? la météo ?
Je ressens un besoin de raisonnements costauds, de sagesse, de recul certes mais aussi de cran pour admettre notre besoin les uns des autres.
Sans un raisonnement c’est le bout du tunnel qui s’éloigne
Et avec lui les projets, les horizons. Flippant
Et chaque jour je me demande
Qui de l’économie ou de la santé ?
Y a-t-il une vision de droite et de gauche de ce virus ?
Les dociles VS les épris de liberté à tout prix (à 135 balles la liberté, puis mille) ?
Chacun ne voit-il midi qu’à sa porte ?
-Les docs soignent, donc confinent
-Les chefs d’entreprises doivent faire tourner la machine économique. Les commerçants ont besoin de vendre donc déconfinent
Je suis une corona girouette certes, mais au moins je n’embarque que moi dans mes rétropédalages, contrairement à ceux qui décident du tempo de ma vie, de ma liberté qui fluctue et rétrécit au fil des semaines.
Lundi je flippe, mardi je gruge, mercredi je suis victime d’un complot, jeudi je me calme, vendredi je crois l’un, samedi je donne du crédit à l’autre, dimanche je doute …
Je suis toutes les personnes à la fois. Je suis avec ceux qui subissent et ceux qui agissent, doc un jour, commerçant le lendemain, et je m’y perds moi-même.
Je suis docile pour ma mère et pour l’hôpital, éprise de liberté pour mes enfants, furieuse de me sentir manipulée, de surcroit par des caméléons. Ma coronaschizophrénie est virale, ma voisine me l’a refilée et j’en fais profiter les autres à coups d’articles contradictoires qui me rendent bigote de l’un puis incrédule de l’autre selon les jours.
Je me surprends néanmoins à ne plus dire « Mets ta cagoule » à mon fils mais « Enfile ton masque » accessoire incontournable, obligatoire de l’automne hiver 2020. On appréciera désormais le plus sobre « Prends ton attestation », dernier sortie de la collection.
2020 tu crains du boudin !
2021 tiens toi bien !